mardi, mai 16, 2006

Rôle des puissances occidentales dans le génocide au Rwanda

Rwanda, les colonisateurs préparent la table du génocide en divisant pour mieux régner

«Au cours d’interminables auditions, acteurs et témoins, au plus haut niveau de la hiérarchie militaire et administrative, se sont employés à retracer l’histoire de la présence belge au Rwanda et au Burundi. Si certains tentèrent de justifier l’oeuvre coloniale, d’autres rappelèrent que, dans ces anciennes colonies allemandes dont la Société des nations (SDN) avait confié la tutelle à la Belgique après la première guerre mondiale, Bruxelles n’avait pas peu contribué à diviser les deux grandes ethnies du pays (les Hutus et les Tutsis), semant les germes de la haine ethnique qui devait mener au génocide de 1994. Durant des décennies, le colonisateur allemand puis belge s’était appuyé sur les Tutsis, des éleveurs se présentant plus comme une caste que comme une ethnie, pour administrer le pays et dominer les agriculteurs hutus, largement majoritaires. Mais, à la fin des années 1950, lorsque l’élite tutsie se mit à revendiquer l’indépendance et que le mwami (roi) songea à faire appel aux Nations unies, la Belgique et l’Eglise choisirent de défendre les droits « démocratiques » de la majorité hutue, incarnés par le fondateur du Parti pour la promotion du peuple hutu (Parmehutu), Gregoire Kayibanda, ancien secrétaire de l’évêque de Kapgayi.»( Braeckman, C. (2002). La Belgique confrontée à son passé colonial. Le Monde Diplomatique(Janvier 2002), 22-23.)

«Paul Rusesabagina, directeur de l'Hôtel des Mille Collines (et personnage principal du film Hôtel Rwanda retraçant son action), est l'homme qui mena un combat extraordinaire pour sauver les 1 200 réfugiés qu'il avait accueillis dans son établissement à Kigali pendant le génocide. Il livre ici son point de vue sur l'origine du génocide :

« Avant le génocide, vivre entre Hutu et Tutsi était tout à fait possible. Je suis né dans une famille mixte. Des membres de ma famille étaient hutus, d'autres tutsi. Nous parlons tous la même langue… Ce sont surtout les colons qui ont tenté de nous diviser pour mieux régner. Les Allemands ont fait des Tutsi les dirigeants du Rwanda, suscitant la colère des Hutu. Puis les Belges sont arrivés et ont créé des cartes d'identité avec mention « Hutu » ou « Tutsi ». À l'indépendance, dans les années 60, les Hutu ont pris le pouvoir et les Tutsi se sont enfuis à l'étranger, et dans les années 90 ils ont monté une rébellion pour revenir. »»( Wikipédia - L'encyclopédie libre. (2006). Génocide au Rwanda. Visionné le 17 avril 2006, 2006, de http://fr.wikipedia.org/wiki/G%C3%A9nocide_au_Rwanda)

La France soutient les génocidaires pour conserver sa zone d’influence dans la région contre la volonté hégémonique des américains

«A entendre les responsables de l’époque, l’argument géopolitique à l’ancienne, tel qu’analysé dans la plupart des cercles militaires et politiques, avait pesé lourd. Le président François Mitterrand considérait que « l’agression menée par le FPR était une action déterminée contre une zone francophone » (amiral Jacques Lanxade) ; il redoutait - « à partir du soutien de Washington à l’Ouganda » (M. Hubert Védrine) et de « l’invasion étrangère » menée contre le Rwanda depuis ce pays - une « volonté hégémonique des Américains sur cette région, et peut- être sur toute l’Afrique » (M. Bernard Debré). Au surplus, alors que « le président Habyarimana fut un des seuls à accueillir chaleureusement le discours du président français à La Baule » (M. Jean-Chistophe Mitterrand, conseiller pour les affaires africaines à l’Elysée entre 1986 et 1992), « on ne pouvait laisser un gouvernement légitime être renversé » (M. Hubert Védrine) : la France « n’aurait plus le même prestige et la même autorité » (M. Roland Dumas). Il s’agissait donc « d’envoyer un signal clair » (amiral Lanxade), alors que la « minorité tutsie se lançait dans une opération de reconquête, avec l’aide matérielle et humaine de l’Ouganda » (M. Edouard Balladur)...

Un discours unanimiste, construit sur les canons traditionnels du genre : chacun de ces anciens ou actuels responsables paraissait accepter l’idée d’un « front » culturel et politique, d’une ligne de partage et d’influence, sur laquelle des puissances adverses - comme au temps des empires ou de la « guerre froide » - ont à contenir une poussée, tenir une frontière, comme autant de « parrains » contraints à faire leurs preuves pour rassurer leurs vassaux respectifs. Certains membres de la Mission parlementaire se sont d’ailleurs étonnés de retrouver quasiment intacte cette conception d’une « pseudo-guerre d’influence » dans les Grands Lacs, qui aurait aussi fait « perdre le Zaïre » à la France. « Le FPR allait prendre le pouvoir au Rwanda ? Et alors ! », se demande l’un d’eux, pour qui Paris, justement, aurait dû quitter ce pays dès octobre 1990, aussitôt ses ressortissants évacués (3), et non prendre le risque de s’y enliser.»( Leymari, P. (1998). La politique française au Rwanda en questions. Le Monde Diplomatique(Septembre 1998), 16-17)

Des grandes puissances, la France et les Etats-Unis, se disputent le contrôle de la région

«La diplomatie, traditionnellement couverte du secret d’Etat, est disséquée au grand jour par les sénateurs. Le rapport éclaire ainsi largement les responsabilités de la communauté internationale. Le Conseil de sécurité a « réduit progressivement et systématiquement l’effectif : de 8 000 hommes dans le cadre de l’option idéale, celui-ci est passé à 4 500 hommes dans l’option nécessaire pour atteindre 2 548 hommes dans l’option réalisable. Quant au rôle de la Minuar tel qu’il est défini par la résolution 872, il est lui aussi plus limité que ce qui était prévu dans les accords d’Arusha, et particulièrement dans le protocole relatif à l’installation de la force internationale neutre. (...) »

Alors qu’il est question dans le protocole d’accord de « contribuer à la recherche de caches d’armes et à la neutralisation des bandes armées » et de « contribuer à assurer la sécurité de la population civile », la résolution de l’ONU définit de façon nettement plus limitée et moins précise le rôle de la Minuar comme consistant à « contribuer à la sécurité à l’intérieur de la zone désarmée de la ville de Kigali » et « à exercer un contrôle sur la sécurité générale ». Cette définition sera plus tard déterminante en ce qui concerne les possibilités dont disposera la Minuar sur le terrain. (...)

Si le mandat ne fait aucune allusion au désarmement des civils, ce n’est ni un accident ni une omission, mais le fruit d’une volonté expresse. En effet, les Etats-Unis ont, pour cette raison, supprimé du mandat, par voie d’amendement, la référence au rapport du secrétaire général du 24 septembre, parce qu’il y est bien question du désarmement des civils. (...) Les Etats-Unis ont également limité la possibilité d’assurer la sécurité des réfugiés et des personnes déplacées revenant au pays. (mon souligné)»»( Robert, A.-C. (1998). En Belgique, jusqu’au coeur du pouvoir. Le Monde Diplomatique(Septembre 1998), 16-17.)


Wayne Madsen est convaincu du rôle joué par les États-Unis dans la région pour accroître leur influence et favoriser les entreprises américaines

Dans le contexte du recherche d’hégémonie dans la région, on comprend mieux pourquoi les Etats-Unis ont travaillé à réduire le rôle de la Minuar (Mission de Nations Unies au Rwanda) pour offrir ainsi le champs libre à l’intervention du FPR et favoriser la conquête du Rwanda. Selon Wayne Madsen, le FPR de Paul Kagamé tout comme l’Ouganda de Yoweri Museveni sont de proches alliés des Etats-Unis et ceux-ci avait intérêt à avoir de tels alliés dans la région.

Wayne Madsen qui a écrit le livre Genocide and Covert Activities in Africa 1993-1999 (Lewiston, NY: Edwin Mellen, 1999) semble convaincu du rôle des États-Unis dans la région.

«It is clear that the United States, contrary to comments made by its senior officials, including former President Clinton, played more of a role in the Rwandan tragedy than it readily admits. This involvement continued through the successive Rwandan and Ugandan-led invasions of neighboring Zaire/Congo. Speculation that Rwanda was behind the recent assassination of President Laurent Kabila in Congo (and rumors that the CIA was behind it) has done little to put the United States in a favorable light in the region. After all the date of Kabila's assassination and January 16 this year -- was practically 40 years from the very day of the CIA-planned and executed assassination of Congolese leader Patrice Lumumba. The quick pace at which Kabila's son and successor Joseph Kabila visited the United States and at the same time of Kagame's presence, and his subsequent meetings with Corporate Council for Africa officials and Maurice Tempelsman (the majordomo of U.S. Africa policy), calls into question what the United States knew about the assassination and when it knew about it.

Also, particularly troublesome is a conclusion the CIA is said to have reached in an assessment written in January 1994, a few months before the genocide. According to key officials I have interviewed during my research, that analysis came to the conclusion that in the event that President Habyarimana was assassinated, the minimum number of deaths resulting from the mayhem in Rwanda would be 500 (confined mostly to Kigali and environs) and the maximum 500,000. Regrettably, the CIA's higher figure was closer to reality.

Certain interests in the United States had reason to see Habyarimana and other pro-French leaders in central Africa out of the way. As recently written by Gilbert Ngijol, a former Assistant to the Special Representative of the Secretary General of the UN to Rwanda in 1994, the United States directly benefited economically from the loss of influence of French and Belgian mining interests in the central Africa and Great Lakes regions. [mon souligné]»( McKinney, C. (2001). Covert Action in Africa : A Smoking Gun in Washington, D.C. Visionné 16 avril 2006, 2006, de http://www.house.gov/mckinney/news/pr010416.htm)

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