jeudi, mai 25, 2006

L'attaque contre le Pentagone en 2001 : complot d'état ou attaque véritable ?

Un ami m’a fait remarquer que Richard Bergeron, chef du parti Projet Montréal affirmait que le gouvernement américain nous avait menti : lors du 11 septembre, les avions ne sont pas tombés sur le Pentagone et en Pennsylvanie. Selon lui, il s’agit d’un acte de banditisme d’état.

À ma connaissance, aucune démonstration n'a été faite qu'il s'agissait d'un complot du gouvernement américain. Il existe cependant de nombreux écrits provenant de sources crédibles et variées sur les complots menés par ce gouvernement dans le monde, complots cependant, peu connus du public.

Jusqu’ici le livre écrit par Frederick H. Gareau, professeur à la Florida State University, est le plus complet. Il s’agit de State Terrorism and the United States : from counterinsurgency to the War on Terrorism (Gareau, 2004). Parmi d’autres horreurs, j’y ai découvert que les Etats-Unis ont appuyé logistiquement et diplomatiquement les Kmers Rouges de 1979 jusqu’en 1990. De mémoire, les Kmers Rouges ont causé entre 500 000 et 1 ½ million de morts dans leur pays.

Christopher Hitchens est un des plus grands journalistes indépendants américains. Il a écrit Les crimes de monsieur Kissinger, qui porte comme son titre l’indique sur les interventions criminelles du gouvernement américain sous la gouverne du secrétaire d’État Henri Kissinger (Hitchens, 2001).

Noam Chomsky, professeur au MIT et l’une des figures phares de la gauche américaine, a également écrit sur le sujet dans plusieurs de ses livres : Dominer le monde ou sauver la planète ? (Chomsky, 2004a), L’an 501 : la conquête continue (Chomsky, 1995), etc.

Voici une liste non exhaustive des crimes commis par le gouvernement américain sur la scène mondiale :

Afrique du Sud

Vente illégale d'armes à l'Afrique du Sud alors que l'ONU a décrété l'embargo. Les Etats-Unis soutiennent par leurs investissements, le régime Sud-Africain alors que partout dans le monde et même au Etats-Unis on dénonce ce régime d'Apartheid (Chamorand, 2003).

Bengladesh

Kissinger. Collusion délibérée en vue d'un meurtre collectif et massif (Hitchens, 2001).

Brésil

La CIA organise le coup d'État en 1964 au Brésil pour démettre Joao Goulart le président élu qui adopte des mesures sociales qui ne sont pas appréciées des Etats-Unis. (Gribbin, 1979)

Chili

Assassinat du général Schneider et renversement d'Allende démocratiquement élu (Hitchens, 2001).

Corée du Nord

Test d'armes biologiques pendant la guerre de Corée (Endicott & Hagerman, 2003).

Cuba

La CIA réalise avec un groupe d'exilés cubains l'invasion de Cuba en 1959 à la Baie des cochons. C'est un échec.

Grèce

Contribution au coup d'Etat de la junte militaire en 1967. Soutien au régime des colonels et implication de Kissinger dans un projet visant à assassiner le chef d'état d'un pays démocratique : Chypre (Hitchens, 2001).

Grenade

«En 1976, Maurice Bishop ainsi que Bernard Coard et U. Whiteman étaient élus au Parlement de l’île.»(Reillier, Picon, & Encyclopædia Universalis (Firme), 2000)

« Embourbés au Liban, les Etats-Unis font une démonstration de force en envahissant la minuscule île de la Grenade. Le prétexte invoqué : la sécurité de quelques citoyens américains. Huit ans plus tard, le Wall Street Journal qualifiait cette démonstration d'« invasion des banques » - l'île était « devenue un véritable paradis pour l'évasion fiscale et la fraude financière ».(Chomsky, 2001b) p.201

Guatemala

«Le colonel Jacobo Arbenz, élu en 1951 au suffrage universel – chose rare dans ce pays – grâce aux réformes de son prédécesseur, se proposait de poursuivre son œuvre. C’était méconnaître la puissance des privilèges et des intérêts acquis.»(Reillier et al., 2000)

L'administration Truman réalise en 1954 au Guatemala, avec le soutien du dictateur Somaza du Nicarague, le coup d'état pour démettre le président Arbenz, promoteur de réformes socio-économiques. Soutien au régime militaire qui a fait plus de 200 000 morts dans la lutte contre la guérilla marxiste (Doyle & Kornbluh, [2003]). Clinton s'en excuse en 1999.

Irak

La CIA soutient la mise en place du régime du parti Baas en 1963, parti dont Saddam deviendra le chef.(Morris, 2003) et (Lemay, 2002)

Soutien de Saddam en 1988 lorsqu'il gaze les Kurdes (Chomsky, 2001a) Intervention illégale des Etats-Unis sous des prétextes mensongers comme la présence d'armes de destruction massive et du soutien de Saddam à Al-Qaida.

Iran

« En août 1953, un coup d'Etat fomenté par la CIA renverse le premier ministre iranien. Le crime de Mohammad Mossadegh ? Avoir nationalisé le pétrole de son pays, qu'il aurait ainsi fait « passer derrière le rideau de fer »… »(Gasiorowski, 2003).

Liban

L'administration Reagan fait exploser en 1985 près d'une mosquée à Beyrouth une bombe, un camion bourré d'explosifs, très semblable à celle d'Oklahoma City et qui a tué 80 personnes et blessé deux cent cinquante. On visait un dignitaire musulman.(p.32)(Chomsky, 2001a)

Libéria

Soutien financier et militaire du dictateur Samuel Doe. Doe a empêché la démocratisation amorcée par son prédécesseur. Les Etats-Unis ont une base militaire navale, diffusion des émissions de Voice of America et la plus importante manufacture de caoutchouc privée au monde par Firestone. Avec la fin de la guerre froide, l'intérêt stratégique du pays a diminué aux yeux des américains qui ont retiré leur aide abruptement, ce qui a contribué à l'implosion du pays.(Pajibo, 2003)

Libye

Les Etats-Unis bombardent la Libye, où il font 111 victimes, mais ratent leur cible, le colonel Kadhafi, leader du mouvement nationaliste arabe, qui s'est emparé du pouvoir en 1969 (Ford, 2003).

Nicaragua

Soutien à la dictature de Somoza, développement et soutien d'une armée pour renverser le régime sandiniste progressiste à l'encontre les lois américaines et internationales. Sanctions économiques contre le régime. Condamnation des Etats-Unis pour terrorisme par la Cour internationale de justice, condamnation par le Conseil de sécurité (veto américain) et l'Assemblée générale des Nations Unis. (Chomsky, 2001a) (Crane, 1983)

Panama

Noriega, un dictateur à la tête d'un régime narco-militaire est un allié des Etats-Unis dans la lutte contre les Sandinistes et les Cubains, jusqu'en 1988. Il arrive au pouvoir en manipulant les élections. Il sera un agent payé de la CIA à partir de 1971 (Gilboa, 1995).

Soudan

Bombardement par l'armée américaine de l'usine pharmaceutique d'Al-Shifa au Soudan, qui produit 90% des médicaments les plus courants, a pour conséquence de priver de médicaments de milliers de personnes qui meurent à cause de cela. Les sanctions contre le Soudan l'empêche d'importer les médicaments pour couvrir les manques. (p.36-37)(Chomsky, 2001a)

Timor oriental

Kissinger. Incitation et soutien d'un génocide au Timor-Oriental (Hitchens, 2001).

Vietnam et Indochine

Utilisation de l'agent Orange : un demi-million de personnes affectées. Kissinger. Assassinat collectif délibéré à grande échelle de populations civiles en Indochine (Hitchens, 2001).


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Sources

Chamorand, É. (2003). Comment Washington a défendu l'apartheid. Manière de voir(70), 55-61.

Chomsky, N. (1995). L'an 501 : la conquête continue. Montréal: Éditions Écosociété.

Chomsky, N. (2001a). 11/9 : autopsie des terrorismes : entretiens. Paris: Le Serpent à Plumes.

Chomsky, N. (2001b). De la guerre comme politique étrangère des États-Unis. Marseille
Montréal: Agone ; Comeau & Nadeau.

Chomsky, N. (2004). Dominer le monde ou sauver la planète : l'Amérique en quête d'hégémonie mondiale. France: Fayard.

Church, F. (1975). Covert Action in Chile 1963-1973.

Collier, E. C. (1993). Instances of Use of United States Forces Abroad, 1798 - 1993. Visionné le 19 décembre 2004, 2004, de

Crane, S. E. (1983). Les actions clandestines de la C.I.A. et l'inquiétude du Congrès. Le Monde Diplomatique(Juin), 16-17.

Doyle, K., & Kornbluh, P. ([2003]). CIA and Assassinations: The Guatemal 1954 Documents. National Security Archive Eloctronic Briefing Book No.4 Visionné le 2003-08-29, 2003, de http://www.gwu.edu/~nsarchiv/NSAEBB/NSAEBB4/

Endicott, S., & Hagerman, E. (2003). Guerre bactériologique des États-Unis en Corée. Manière de voir(70), 10-13.

Ford, P. (2003). Good morning, Iraq ! Cent ans d'interventions américaines. Courrier International(647).

Gareau, F. H. (2004). State terrorism and the United States : from counterinsurgency to the war on terrorism. Atlanta ; London: Clarity Press ; Zed Books.

Gasiorowski, M. (2003). Coup d'Etat américain à Téhéran. Manière de voir(70), 14-16.

Gilboa, E. (1995). The Panama invation revisited: lessons for the use of force in the post cold war era, Political sciences quaterly (Vol. 110, pp. 539).

Gribbin, P. (1979). Brazil and CIA. CounterSpy(April-May), 4-23.

Hitchens, C. (2001). Les crimes de monsieur Kissinger. [France]: Saint-Simon.

Lemay, D. (2002). Irak - Une histoire de feu et de sang. La Presse, B6.

Morris, R. (2003). A Tyrant 40 Years in the Making. New York Times(March 14, 2003).

Pajibo, E. (2003, July 15). Liberia: Ending the Horror. Foreign Policy in Focus (FPIF) Visionné le 19 juin, 2006, de http://www.fpif.org/outside/commentary/2003/0307liberia.html

Reillier, F., Picon, T., & Encyclopædia Universalis (Firme). (2000). Encyclopædia Universalis.


lundi, mai 22, 2006

Selon Nathalie Elgrably, le commerce équitable «...est une combinaison de commerce et de charité qui freine le développement des pays pauvres...»

Selon Nathalie Elgrably, économiste à l’Institut économique de Montréal, le «...«commerce équitable» n'est qu'un slogan racoleur qui permet aux consommateurs occidentaux de s'acheter une bonne conscience en déboursant quelques sous de plus pour leur café ou leur chocolat. En réalité, ce concept est une combinaison de commerce et de charité qui freine le développement des pays pauvres au lieu de l'accélérer.» (Elgrably, 2006)

Pour elle, la solution pour les pays sous-développés est simple : libérez le commerce.

La découverte de mes vertus

J’achète du café équitable Santropol en grains depuis deux ou trois ans. En plus d’être équitable, il est biologique et très bon.

Ce café me coûte 29$/kg. Un café Van Houtte en grains non biologiques coûte 26$/kg. Pour elle, payer un peu plus de 10% pour un café de qualité supérieur et biologique, c’est de la bonté, de la charité. Cette révélation me remonte le moral. Je suis charitable et je ne le savais pas.

Saviez-vous que je pratique aussi la charité envers mes compatriotes québécois. Depuis quelques années au Québec, certains producteurs de fromage ont réussi à produire des fromages de grande qualité : Pied-de-Vent, Riopel de l’Isle, etc. J’en achète à l’occasion. En sachant maintenant que je fais la charité, le goût n’en sera que meilleur.

Plus j’y pense, plus je réalise que je fais beaucoup plus la charité que je ne le pensais. J’achète mon pain dans une petite boulangerie de quartier. Les croissants y sont délicieux. Encore de la charité. J’avoue que ma bonté m’époustoufle.

De plus en plus, j’achète des produits biologiques qui ne sont pas produits à grande échelle. et semble perpétuer une production inefficace. Encore de la bonté.

J’arrête avant que l’on ne me sanctifie.

L’appauvrissement est un poison qui se distille lentement mais sûrement

Madame Elgrably se désole parce que des barrières tarifaires protègent les agriculteurs des pays industrialisés de la concurrence des pays en développement. C’est vrai, mais soyez patiente Madame Elgrably, tout ne peut pas de faire en même temps. Pour être efficace, l’appauvrissement de la classe moyenne doit agir comme un lent poison. Au Canada, les politiques mises en place depuis quelques années ont réussi, lentement mais sûrement, à produire le plus haut taux de pauvreté depuis trente ans ((Ross, Scott, & Smith, 2000)).

Si cela peut vous rassurer, l’ouverture de nos marchés à la Chine, à l’Inde, etc., offrent de belles perspectives d’appauvrissement pour nos concitoyens. Aussitôt, qu’il sera politiquement possible de le faire pour les agriculteurs, les politiciens au service du capital monopolistique ne raterons pas l’occasion d’abolir les barrières qui freinent son développement.

Les «bienfaits» du libre commerce sur les petits producteurs de café

Sur un autre ton, qu’est-ce qui pousse les petits producteurs de café vers le commerce équitable ?

Dans son livre Acheter c’est voter - Le cas du café, publié en 2005, Laure Waridel illustre bien l’effet du «libre commerce» sur les petits producteurs de café.

«La crise du café illustre bien la vulnérabilité de ceux et celles qui se trouvent au pied du système d’échanges. Au cours des dernières années, les prix – établis aux Bourses de New York et de Londres – on chuté à un niveau plus bas que jamais en dollars constants.
De fait, ils sont au-dessous des coûts de production. Depuis 1997, ils ont perdu 70% de leur valeur. Au moment où j’écris ces lignes [2005], des intermédiaires achètent le café des paysans mexicains pour environ 0,44$ le kilo, tandis que les consommateurs nord-américains ou européens déboursent de 8$ à 30$ pour la même quantité. Dans une cinquantaine de pays, environ 25 millions de familles subissent les impacts douloureux de la crise du café. Nombreuses sont celles qui n’ont plus les moyens d’envoyer leurs enfants à l’école ni de payer pour des soins de santé. Au même moment, en Occident, les entreprises multinationales vendant ce même café affichent fièrement des profits records. Les actionnaires du Nord sont heureux et les gestionnaires de fonds de pension aussi.»
(Waridel, 2005, p.22-23)

Face aux résultats inhumains du capitaliste libre et sauvage sur leur mode de vie, certains petits producteurs de café se sont organisés en coopérative pour trouver des débouchés à leur production sur un nouveau marché, celui du commerce équitable. Ce commerce équitable offre de meilleurs revenus aux paysans de pays en développement et des produits biologiques aux consommateurs des pays développés.

Je ne suis pas économiste comme madame Elgrably, mais, selon moi, faire du petit capitalisme ce n’est pas la charité. Il est vrai, qu’acheter du café à un petit paysan du Sud à un prix intéressant, est assez rare. C’est sans doute là que réside la charité dont parle madame Elgrably. Sans doute nous expliquera-t-elle un jour le sens profond, le secret, de cette nouvelle forme de charité issue, non pas de la morale ou de la religion, mais de la science économique.

«Libérons le commerce»

«Libérez le commerce» : c’est la solution préconisé par madame Elgrably pour favoriser le développement des pays pauvres.

Dans le cas des producteurs de café, la libéralisation des marchés a été une catastrophe. De plus en plus de citoyens dans le monde jugent la mondialisation à ses fruits ... pourris : pauvreté grandissante, inégalités sociales en croissance, environnement dégradé.

Joseph Stiglitz, prix Nobel d’économie et ancien vice-président de la Banque mondiale n’est pas un communiste. Pourtant, selon lui, les réflexes protectionnistes face au libre-échange augmentent parce que le travailleur moyen peut se trouver mal en point (Pelletier, 2006).

Amy Chua, professeure de droit à l'Université Yale, dans son livre World on Fire soutient que le fossé dans la redistribution de la richesse est une cause de l’accroissement des conflits interethniques dans les pays.

«Si on regarde les statistiques de la Banque mondiale, on s'aperçoit que le revenu des pauvres de la planète a augmenté au fil des ans. Sauf que dans la plupart des cas, l'augmentation a été minime, presque imperceptible. La vérité, c'est que la majorité des gens n'ont pas accès à de l'eau potable, à l'éducation, aux services de santé, alors que tous les jours ils voient une minorité de leurs concitoyens s'enrichir à vue d'oeil. L'élite vit dans des palais immenses, collectionne les voitures de luxe et envoie ses enfants étudier à l'étranger.» (Bérubé, 2003)

Dans un livre publié en 2005, John Ralston Saul, le mari de l’ex-gouverneure-générale vient tout récemment d’annoncer la mort de la mondialisation (Saul, 2005). Il soulève une contradiction particulièrement vive de celle-ci : elle souhaite accroître la démocratie dans le monde tout en affaiblissant, en pratique, l’Etat-nation qui en est le support.

Pourtant, malgré les questionnements de plus en plus précis et nombreux suscités par les résultats de la mondialisation, certains comme madame Elgrably, s’accrochent à cette idéologie comme à une religion.

Le commerce équitable, symbole d’une alternative à oublier

Du point de vue du commerce mondial et même du point de vue du commerce avec les pays développés, le commerce équitable, c’est une goutte d’eau dans un océan. Alors, pourquoi madame Elgrably, une économiste au service du patronat s’attarde-t-elle à critiquer, maladroitement selon moi, un phénomène aussi insignifiant ? J’avoue que cela m’a intrigué.

Je crois que ce qui l’agace, c’est le symbole. Le commerce équitable, malgré son aspect dérisoire est le symbole d’une alternative possible dans la lignée du Forum social mondial dont un des principes est le suivant :

«Les alternatives proposées au Forum Social Mondial s'opposent à un processus de mondialisation capitaliste commandé par les grands entreprises multinationales et les gouvernements et institutions internationales au service de leurs intérêts. Elles visent à faire prévaloir, comme nouvelle étape de l'histoire du monde, une mondialisation solidaire qui respecte les droits universels de l'homme, ceux de tous les citoyens et citoyennes de toutes les nations, et l'environnement, étape soutenue par des systèmes et institutions internationaux démocratiques au service de la justice sociale, de légalité et de la souveraineté des peuples.» (Forum social mondial, 2002)

Or, depuis la chute du communisme et la victoire du capitalisme, les tenants de la droite, en particulier aux Etats-Unis, ne veulent plus entendre parler d’alternative. Cela fait des décennies qu’ils se battent contre ceux qui cherchent une alternative au capitalisme et ils ont enfin gagné, du moins c’est ce qu’ils croient. Ils ne veulent donc plus en entendre parler de ces utopies improductives.

Le gouvernement des Etats-Unis l’a dit haut et fort en 2002 dans sa politique de sécurité nationale The national security strategy of the United States of America. Il n’y a plus qu’un seul modèle de développement, c’est le modèle capitaliste proposé par les Etats-Unis.

«The great struggles of the twentieth century between liberty and totalitarianism ended with a decisive victory for the forces of freedom-and a single sustainable model for national success: freedom, democracy, and free enterprise.» (United States. Executive Office of the President., Bush, & United States. President (2001- : Bush), 2002)

C’est-tu assez clair ? F-I-N-I.

Notre civilisation voyage-t-elle sur le Titanic ?

Pourtant, les sirènes d’alarmes ne manquent pas.

Parfois, j’ai l’impression que notre civilisation voyage sur le Titanic. Les vigies nous avertissent des dangers qui se pointent à l’horizon : graves dangers environnementaux, inégalités de revenus qui atteignent des sommets abyssaux, un SIDA galopant, etc. Le capitaine nous rassure : le capitalisme est imparfait mais il va surmonter ces problèmes.

Le constat d’une étude de l’ONU, réalisée en 2005 par 1300 experts de 95 pays, est inquiétant.

«La planète Terre a franchi le seuil de la viabilité, selon une étude lancée par l'ONU dans le cadre des activités du Millénaire, car plus de 60 % des écosystèmes dont dépend notre espèce, comme l'eau potable et les pêcheries, ainsi que les contrôles de la qualité de l'air, de l'eau, des climats régionaux et des parasites se sont détériorés au point de dépasser le seuil de la viabilité.» (Francoeur, 2005)

La pauvreté et les inégalités croissent.

Le Rapport mondial sur le développement humain en 2005 remarque que l’«...on observe une tendance claire à l’accroissement de l’inégalité à l’intérieur des pays au cours des deux dernières décennies» (Programme des Nations Unies pour le développement, 2005).

Face à cela, notre civilisation ne devait-elle pas se remettre en question, tenter des expériences novatrices pour changer le cours des choses. «L'imagination est plus importante que le savoir», nous dit Albert Einstein dans Sur la science (Source : Evene.fr). Imaginons de nouvelles façons de produire et d’échanger. La découverte scientifique ne peut se passer d’explorer de nouveaux sentiers.

La vision mondialiste de Madame Elgrably ressemble fort à du dogmatisme. Le dogmatisme n’est-il pas le signe d’une idéologie moribonde ?

Sources

Bérubé, N. (2003, 24 mai). Quand la mondialisation alimente la haine. La Presse, p. B5.

Elgrably, N. (2006, 17 mai 2006). Le commerce équitable. Le Journal de Montréal, p. 24.

Forum social mondial. (2002). Charte des principes du Forum social mondial. Visionné le 2004-03-21, 2004, de http://www.forumsocialmundial.org.br/home.asp

Francoeur, L.-G. (2005, 30 mars). Les grands écosystèmes n'en peuvent plus. Le Devoir, p. a1.

Programme des Nations Unies pour le développement. (2005). Rapport mondial sur le développement humain - 2005. Paris: Économica.

Ross, D. P., Scott, K., & Smith, P. J. (2000). Données de base sur la pauvreté au Canada ( , mise à jour 2000 ed.). Ottawa: Conseil canadien de développement social.

Saul, J. R. (2005). The collapse of globalism : and the reinvention of the world. Woodstock: Overlook Press.

United States. Executive Office of the President., Bush, G. W., & United States. President (2001- : Bush). (2002). The national security strategy of the United States of America (pp. vii, 31). [Washington]: Executive Office of the President.

Waridel, L. (2005). Acheter, c'est voter : le cas du café. Montréal: Éditions Écosociété.

mardi, mai 16, 2006

Rôle des puissances occidentales dans le génocide au Rwanda

Rwanda, les colonisateurs préparent la table du génocide en divisant pour mieux régner

«Au cours d’interminables auditions, acteurs et témoins, au plus haut niveau de la hiérarchie militaire et administrative, se sont employés à retracer l’histoire de la présence belge au Rwanda et au Burundi. Si certains tentèrent de justifier l’oeuvre coloniale, d’autres rappelèrent que, dans ces anciennes colonies allemandes dont la Société des nations (SDN) avait confié la tutelle à la Belgique après la première guerre mondiale, Bruxelles n’avait pas peu contribué à diviser les deux grandes ethnies du pays (les Hutus et les Tutsis), semant les germes de la haine ethnique qui devait mener au génocide de 1994. Durant des décennies, le colonisateur allemand puis belge s’était appuyé sur les Tutsis, des éleveurs se présentant plus comme une caste que comme une ethnie, pour administrer le pays et dominer les agriculteurs hutus, largement majoritaires. Mais, à la fin des années 1950, lorsque l’élite tutsie se mit à revendiquer l’indépendance et que le mwami (roi) songea à faire appel aux Nations unies, la Belgique et l’Eglise choisirent de défendre les droits « démocratiques » de la majorité hutue, incarnés par le fondateur du Parti pour la promotion du peuple hutu (Parmehutu), Gregoire Kayibanda, ancien secrétaire de l’évêque de Kapgayi.»( Braeckman, C. (2002). La Belgique confrontée à son passé colonial. Le Monde Diplomatique(Janvier 2002), 22-23.)

«Paul Rusesabagina, directeur de l'Hôtel des Mille Collines (et personnage principal du film Hôtel Rwanda retraçant son action), est l'homme qui mena un combat extraordinaire pour sauver les 1 200 réfugiés qu'il avait accueillis dans son établissement à Kigali pendant le génocide. Il livre ici son point de vue sur l'origine du génocide :

« Avant le génocide, vivre entre Hutu et Tutsi était tout à fait possible. Je suis né dans une famille mixte. Des membres de ma famille étaient hutus, d'autres tutsi. Nous parlons tous la même langue… Ce sont surtout les colons qui ont tenté de nous diviser pour mieux régner. Les Allemands ont fait des Tutsi les dirigeants du Rwanda, suscitant la colère des Hutu. Puis les Belges sont arrivés et ont créé des cartes d'identité avec mention « Hutu » ou « Tutsi ». À l'indépendance, dans les années 60, les Hutu ont pris le pouvoir et les Tutsi se sont enfuis à l'étranger, et dans les années 90 ils ont monté une rébellion pour revenir. »»( Wikipédia - L'encyclopédie libre. (2006). Génocide au Rwanda. Visionné le 17 avril 2006, 2006, de http://fr.wikipedia.org/wiki/G%C3%A9nocide_au_Rwanda)

La France soutient les génocidaires pour conserver sa zone d’influence dans la région contre la volonté hégémonique des américains

«A entendre les responsables de l’époque, l’argument géopolitique à l’ancienne, tel qu’analysé dans la plupart des cercles militaires et politiques, avait pesé lourd. Le président François Mitterrand considérait que « l’agression menée par le FPR était une action déterminée contre une zone francophone » (amiral Jacques Lanxade) ; il redoutait - « à partir du soutien de Washington à l’Ouganda » (M. Hubert Védrine) et de « l’invasion étrangère » menée contre le Rwanda depuis ce pays - une « volonté hégémonique des Américains sur cette région, et peut- être sur toute l’Afrique » (M. Bernard Debré). Au surplus, alors que « le président Habyarimana fut un des seuls à accueillir chaleureusement le discours du président français à La Baule » (M. Jean-Chistophe Mitterrand, conseiller pour les affaires africaines à l’Elysée entre 1986 et 1992), « on ne pouvait laisser un gouvernement légitime être renversé » (M. Hubert Védrine) : la France « n’aurait plus le même prestige et la même autorité » (M. Roland Dumas). Il s’agissait donc « d’envoyer un signal clair » (amiral Lanxade), alors que la « minorité tutsie se lançait dans une opération de reconquête, avec l’aide matérielle et humaine de l’Ouganda » (M. Edouard Balladur)...

Un discours unanimiste, construit sur les canons traditionnels du genre : chacun de ces anciens ou actuels responsables paraissait accepter l’idée d’un « front » culturel et politique, d’une ligne de partage et d’influence, sur laquelle des puissances adverses - comme au temps des empires ou de la « guerre froide » - ont à contenir une poussée, tenir une frontière, comme autant de « parrains » contraints à faire leurs preuves pour rassurer leurs vassaux respectifs. Certains membres de la Mission parlementaire se sont d’ailleurs étonnés de retrouver quasiment intacte cette conception d’une « pseudo-guerre d’influence » dans les Grands Lacs, qui aurait aussi fait « perdre le Zaïre » à la France. « Le FPR allait prendre le pouvoir au Rwanda ? Et alors ! », se demande l’un d’eux, pour qui Paris, justement, aurait dû quitter ce pays dès octobre 1990, aussitôt ses ressortissants évacués (3), et non prendre le risque de s’y enliser.»( Leymari, P. (1998). La politique française au Rwanda en questions. Le Monde Diplomatique(Septembre 1998), 16-17)

Des grandes puissances, la France et les Etats-Unis, se disputent le contrôle de la région

«La diplomatie, traditionnellement couverte du secret d’Etat, est disséquée au grand jour par les sénateurs. Le rapport éclaire ainsi largement les responsabilités de la communauté internationale. Le Conseil de sécurité a « réduit progressivement et systématiquement l’effectif : de 8 000 hommes dans le cadre de l’option idéale, celui-ci est passé à 4 500 hommes dans l’option nécessaire pour atteindre 2 548 hommes dans l’option réalisable. Quant au rôle de la Minuar tel qu’il est défini par la résolution 872, il est lui aussi plus limité que ce qui était prévu dans les accords d’Arusha, et particulièrement dans le protocole relatif à l’installation de la force internationale neutre. (...) »

Alors qu’il est question dans le protocole d’accord de « contribuer à la recherche de caches d’armes et à la neutralisation des bandes armées » et de « contribuer à assurer la sécurité de la population civile », la résolution de l’ONU définit de façon nettement plus limitée et moins précise le rôle de la Minuar comme consistant à « contribuer à la sécurité à l’intérieur de la zone désarmée de la ville de Kigali » et « à exercer un contrôle sur la sécurité générale ». Cette définition sera plus tard déterminante en ce qui concerne les possibilités dont disposera la Minuar sur le terrain. (...)

Si le mandat ne fait aucune allusion au désarmement des civils, ce n’est ni un accident ni une omission, mais le fruit d’une volonté expresse. En effet, les Etats-Unis ont, pour cette raison, supprimé du mandat, par voie d’amendement, la référence au rapport du secrétaire général du 24 septembre, parce qu’il y est bien question du désarmement des civils. (...) Les Etats-Unis ont également limité la possibilité d’assurer la sécurité des réfugiés et des personnes déplacées revenant au pays. (mon souligné)»»( Robert, A.-C. (1998). En Belgique, jusqu’au coeur du pouvoir. Le Monde Diplomatique(Septembre 1998), 16-17.)


Wayne Madsen est convaincu du rôle joué par les États-Unis dans la région pour accroître leur influence et favoriser les entreprises américaines

Dans le contexte du recherche d’hégémonie dans la région, on comprend mieux pourquoi les Etats-Unis ont travaillé à réduire le rôle de la Minuar (Mission de Nations Unies au Rwanda) pour offrir ainsi le champs libre à l’intervention du FPR et favoriser la conquête du Rwanda. Selon Wayne Madsen, le FPR de Paul Kagamé tout comme l’Ouganda de Yoweri Museveni sont de proches alliés des Etats-Unis et ceux-ci avait intérêt à avoir de tels alliés dans la région.

Wayne Madsen qui a écrit le livre Genocide and Covert Activities in Africa 1993-1999 (Lewiston, NY: Edwin Mellen, 1999) semble convaincu du rôle des États-Unis dans la région.

«It is clear that the United States, contrary to comments made by its senior officials, including former President Clinton, played more of a role in the Rwandan tragedy than it readily admits. This involvement continued through the successive Rwandan and Ugandan-led invasions of neighboring Zaire/Congo. Speculation that Rwanda was behind the recent assassination of President Laurent Kabila in Congo (and rumors that the CIA was behind it) has done little to put the United States in a favorable light in the region. After all the date of Kabila's assassination and January 16 this year -- was practically 40 years from the very day of the CIA-planned and executed assassination of Congolese leader Patrice Lumumba. The quick pace at which Kabila's son and successor Joseph Kabila visited the United States and at the same time of Kagame's presence, and his subsequent meetings with Corporate Council for Africa officials and Maurice Tempelsman (the majordomo of U.S. Africa policy), calls into question what the United States knew about the assassination and when it knew about it.

Also, particularly troublesome is a conclusion the CIA is said to have reached in an assessment written in January 1994, a few months before the genocide. According to key officials I have interviewed during my research, that analysis came to the conclusion that in the event that President Habyarimana was assassinated, the minimum number of deaths resulting from the mayhem in Rwanda would be 500 (confined mostly to Kigali and environs) and the maximum 500,000. Regrettably, the CIA's higher figure was closer to reality.

Certain interests in the United States had reason to see Habyarimana and other pro-French leaders in central Africa out of the way. As recently written by Gilbert Ngijol, a former Assistant to the Special Representative of the Secretary General of the UN to Rwanda in 1994, the United States directly benefited economically from the loss of influence of French and Belgian mining interests in the central Africa and Great Lakes regions. [mon souligné]»( McKinney, C. (2001). Covert Action in Africa : A Smoking Gun in Washington, D.C. Visionné 16 avril 2006, 2006, de http://www.house.gov/mckinney/news/pr010416.htm)

dimanche, mai 14, 2006

Paul Kagamé, président du Rwanda soupçonné d'avoir planifié l'attentat qui a déclenché le génocide au Rwanda

Paul Kagamé, chef du Front patriotique du Rwanda (FPR) et actuel président du Rwanda fait une visite privée au Canada à la fin d’avril 2006. (Touzin, C. (2006, 22 avril). Médaille controversée de l'Université de Sherbrooke au président du Rwanda. La Presse, p. A21.)

D’anciens membre du FPR prétendent que Paul Kagamé a planifié l’attentat contre l'avion du président du Rwanda, Juvenal Habyarimana, attentat qui a déclenché le génocide des Tutsi au Rwanda en 1994 et mis la table pour la conquête militaire du Rwanda par le FPR. (St-Pierre, R., Bonneau, J., & Cipriani, J.-P. (2006, 20 avril). Génocide rwandais - L'actuel président montré du doigt. Visionné 20 avril, 2006, de http://www.radio-canada.ca/nouvelles/International/2006/04/20/003-rwanda-zone-libre-jeudi.shtml

Wayne Madsen, auteur de Genocide and Covert Activities in Africa 1993-1999 (Lewiston, NY: Edwin Mellen, 1999) et journaliste américain a témoigné lors d’un forum en avril 2001 organisé par la Congresswoman Cynthia McKinney. Les propos tenus lors de ce forum témoignent éloquemment de la politique d’oppression et de déstabilisation de pays Africains par les grandes puissances, en particulier les Etats-Unis, assoiffées de tirer profit des grandes richesses de l’Afrique. (cf. site Web de Cynthia McKinney à l’adresse http://www.house.gov/mckinney/news/pr010416.htm.)

Madsen explique très clairement le rôle des intérêts industriels et militaires américains dans la région ainsi que leur implication très probable dans l’attentat du président Habyarimana.

«Immediately after the attack on the presidential plane, much of the popular press in the United States brandished the theory that militant Hutus brought it down. I suggest that following some four years of research concentrating on the missile attack, there is no basis for this conclusion. In fact, I believe there is concrete evidence to show that the plane was shot down by operatives of the RPF. At the time, the RPF was supported by the United States and its major ally in the region, Uganda. Prior to the attack, the RPF leader, the current Rwandan strongman General Paul Kagame, received military training at the U.S. Army Command and General Staff College at Fort Leavenworth, Kansas. Many of Kagame's subordinate's received similar training, including instruction in the use of surface-to-air missiles (SAMs) at the Barry Goldwater Air Force Range at Luke Air Force Base, Arizona. It was Soviet-designed SAMs that were used to shoot down the Rwandan president's airplane. By its own admission, the U.S. Defense Department provided official military training to the RPF beginning in January 1994, three months before the missile attack on the aircraft.

In testimony before the French inquiry commission, former French Minister for International Cooperation Bernard Debré insisted that the two SAM-16s used in the attack on the aircraft were procured from Ugandan military stocks and were "probably delivered by the Americans . . . from the Gulf War."»

Lorsque l’on écoute les nouvelles à propos de l’Afrique on en conclut qu’une sorte de fatalité pèse sur le sort des pays d’Afrique : pauvreté, guerres, épidémie de SIDA, etc. Pourtant, lorsque l’on creuse un peu, on se rend compte à quel point la cupidité criminelle des anciennes puissances coloniales et des puissances néocoloniales, en particulier les Etats-Unis, façonne l’histoire des pays africains et contribue au malheur de leurs populations.